Un tunnel … pour quoi faire ?

Perméabilité et ouverture internationale

Notre projet de tunnel à vocation cycliste et touristique vise à décloisonner deux vallées, l’une française et l’autre espagnole. Mais au-delà de ce caractère local, il a pour ambition de créer un axe entre Toulouse et Saragosse pour que le dynamisme de ces deux capitales régionales se démultiplie et se diversifie tout au long de ce « chemin nouveau ».

Relier Toulouse et Saragosse, c’est promouvoir l’identité européenne, créer des synergies entre des cultures, entre des hommes pour que ce qu’il y a de mieux chez l’un s’épanouisse également chez l’autre. C’est capitaliser sur les complémentarités de deux régions économiques fortes et de deux cultures. C’est prolonger le Chemin de la Liberté, ou encore le Chemin de Compostelle via Saint Bertrand de Comminges.

Notre projet de tunnel s’inscrit en continuité de la Convention Midi-Pyrénées-Aragon signé par le Président Martin Malvy en 2015.

Le tunnel que nous proposons doit avant tout constituer une offre touristique éthique en Comminges, autour des valeurs de Nature, Santé, Sport et Bien-être.  Il pourrait être constitué d’un boyau réservé aux piétons et cyclistes et d’un second boyau réservé aux voitures « propres », c’est-à-dire électriques ou à hydrogène et interdit aux camions. Ce second boyau pourrait aussi être dédié au ferroutage à partir d’un train à hydrogène (et pourquoi pas en connexion avec le train hydrogène qui va desservir la gare de Luchon) ou à un transport propre type navette. Toutes les idées respectant les meilleurs critères environnementaux sont à considérer.

Les villes constituent des zones fragiles face aux dérèglements climatiques. Et partout, elles se transforment. Mais le monde rural ne peut pas se considérer comme à l’abri de ces dérèglements, et il doit se préoccuper d’accompagner cette tendance profonde d’un nouvel art de vivre en imaginant dès maintenant ses équipements de demain, lesquels doivent répondre à une éthique du « monde des vivants ».

Respect d’un environnement, décarboné, réputé et à sauvegarder

Aujourd’hui, nous savons ce qu’il ne faut pas faire.

Aujourd’hui, nous avons les atouts de notre retard.

Car l’idée d’un tunnel n’est pas une fin en soi, mais constitue un moyen, le moyen, d’une communication transfrontalière et d’une redynamisation économique. Nous le voulons à l’image des exigences de notre 21° siècle. Nous le pensons à vocation cycliste et touristique, réservé aux véhicules propres, interdit aux camions, non massifié.

Cette réalisation doit préserver les équilibres naturels, permettre le développement du pastoralisme et des métiers de la montagne, mettre en valeur nos sites culturels, artistiques et historiques.

Création d’un observatoire du monde du vivant

Nous proposons la création d’un Centre d’observation de la nature dont la mission permanente permettrait de contrôler et de maitriser l’ensemble des données écologiques avant, pendant et après les travaux de percement du tunnel touristique. Plusieurs chantiers en cours dans les Alpes montrent qu’une telle réalisation peut se faire sans impact significatif, mais il reste préférable d’effectuer, ici aussi, l’ensemble de ces mesures.

Un tel centre peut être financé par le GECT européen. Il serait utile qu’il se mette en réseau avec l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique et plus généralement qu’il constitue un pole d’attraction des recherches universitaires de nos Régions.

Deux Parcs régionaux cohabitent de part et d’autre de la frontière. Il est important qu’ils puissent coordonner leurs actions et bénéficier de synergies et d’initiatives conjointes. Et nous proposons d’y adjoindre une Maison de la Montagne (préservation de la culture, de l’histoire, des traditions, des outils, …) symboliquement placée au pied du Venasque, chemin de toutes les libertés.

Mobilité du travail

Le tunnel et ses retombées (dynamisme économique, échanges franco-espagnols, …) va permettre de créer des emplois et ainsi de maintenir les jeunes au pays, d’avoir sur le territoire des familles avec des enfants, de dynamiser les écoles (projet de lycée hôtelier transfrontalier), de favoriser des partenariats et des échanges scolaires.

L’axe Toulouse – Saragosse, le dépassement de la frontière, l’offre d’un cadre de vie privilégié, vont faire de notre territoire une zone attractive pour la e-économie, mais aussi pour les métiers de la nature ou de la recherche (il existe déjà le Centre de Physique Quantique de Benasque, qui accueille plus de vingt congrès mondiaux chaque année).

Diversification économique

A côté des activités historiques (thermalisme et neige qui vont bénéficier d’un large plan de relance) et à côté d’un ensemble d’autres activités existantes (culturelles, cinématographiques, télévisuelles, de loisirs et sportives telles que les sentiers pour randonneurs, vététistes et cavaliers ou l’escalade) qui méritent d’être revivifiées, nous pensons que des activités nouvelles pourraient voir le jour autour des métiers de la montagne (artisanat, cultures bio et permacultures, circuits courts, tourisme éco-responsable, mises en valeur de l’eau, …), de différents métiers artistiques (poterie, céramique, sculpture  bois et pierre, tissage, …), mais aussi des métiers du numérique (start-up, innovation, coworking, télétravail, …) où les acteurs recherchent un cadre de vie, et peut-être une position centrale entre la France et l’Espagne.

La disposition d’un territoire élargi et transfrontalier pourrait permettre la production et la distribution en local d’une énergie verte (station hydrogène…), facteur d’accélération de la reconversion des parcs automobiles.

Fixation de la population

Aujourd’hui, les jeunes quittent le pays (et cela est vrai coté français comme coté espagnol) pour faire leurs études et ensuite pour trouver un travail. Cela n’est plus acceptable.

A titre d’exemple, Bagnères de Luchon a perdu 7% de sa population en 6 ans. Les écoles comme les commerces risquent de fermer dans une ville où 60% de la population a plus de 65 ans. Cette évolution est à l’image de tout le Comminges et il devient indispensable de « faire bouger les choses » depuis Saint Bertrand jusqu’à Luchon … et jusqu’à Benasque.

Désaisonnalisation touristique et emploi

Sur le plan touristique, le déséquilibre mer/montagne doit être redressé et la montagne doit s’équiper pour accueillir des activités « quatre saisons ».

Des décisions politiques fortes visent à créer progressivement un cercle vertueux pour l’économie, la population et la mise en valeur de notre territoire : rénovation du thermalisme (35 M€), modernisation du tourisme de la neige sur Superbagnères, Oueil et Mourtis (17M€), mise en circulation d’un train à hydrogène.

Ces efforts conséquents doivent être complétés par un tourisme d’été et des activités culturelles à large portée. Les atouts de notre région sont considérables. Le festival TV de Luchon prend de l’ampleur, le programme du « Royaume de l’Aneto » (POCTEFA 2013-2020) est à relancer. Les pistes cyclables, très présentes en Espagne, doivent être prolongées en territoire français. Il convient de développer l’artisanat de montagne. Des infrastructures hôtelières conséquentes doivent sortir de terre. La gastronomie et les métiers de bouche de nos terroirs doivent être mis en valeur par des chefs dans des restaurants « toqués ». L’accès au site historique et religieux de Saint Bertrand de Comminges est à développer.

Dans une région qui fait, depuis toujours, la réputation du Tour de France, nous pensons qu’un programme ambitieux autour du cyclisme a toute sa place. Aux plus aguerris, laissons les cols mythiques. Pour tous les autres, implantons des pistes qui sillonnent le Parc Naturel Régional en terrain naturel, investissons dans un tunnel transfrontalier qui facilite l’accès aux vallées du Venasque. Le cyclisme dans ce vaste environnement sauvegardé et protégé deviendrait une opportunité d’échanges raisonnés, élargis et désaisonnalisés.

Synergies en matière de santé, bien-être, d’éducation et d’urgence

Les préoccupations de la population en matière de santé et d’éducation nécessitent des investissements conséquents dans différentes infrastructures. La facilitation de circulation entre le Luchonnais (et le Comminges) et le nord de l’Aragon doit permettre des mises en commun transfrontalières.

Le thermalisme et les soins de bien-être, disponibles à Luchon, deviennent accessibles pour toute la région de l’Aragon qui ne dispose pas de telles infrastructures.

Destination conjointe : Pyrénées et Pirineos

Avec le tunnel, il n’y a plus de col à franchir, la frontière s’efface et les Pyrénées s’offrent à tous sans limite. Une synergie se met en place dans un schéma gagnant-gagnant.

Marchons ensemble.

Caminamos juntos.

Attractivité d’entreprises innovantes

L’économie des territoires de Luchon comme de Benasque repose essentiellement sur le tourisme du thermalisme et de la neige. Des métiers nouveaux apparaissent en étendant ces deux secteurs au bien-être d’une part et à la montagne d’été d’autre part.

Au-delà de ces métiers traditionnels, le tunnel permettrait de relancer l’exploitation du golf, de l’aérodrome, du théatre et du casino, équipements présents sur Luchon mais inexistants sur le territoire de Benasque.

Mais surtout, le cadre de vie que constitue nos Pyrénées, enrichi de ces multiples prestations, doit permettre de lancer un véritable « appel à projets innovants », et d’accueillir, dans un cadre éco-responsable, des entreprises du tertiaire et du numérique, des entreprises travaillant en télétravail, en distanciel, des centres de RD(recherche et développement), des unités d’enseignement supérieur.

Mieux-vivre ensemble et rester au pays

Il existe un lien ancestral entre Luchon et Benasque, dont les premières traces remontent aux Romains, lien que l’on retrouve à toutes les époques. Ainsi, une vallée française et l’autre espagnole ont, de tous temps, communiqué, pratiqué l’entraide, échangé des marchandises et « marié » leurs populations, en faisant fi de la frontière. A l’heure de l’Europe, cette pratique doit perdurer, s’amplifier et se pratiquer avec les moyens du 21° siècle.

Les opportunités de chaque territoire doivent pouvoir bénéficier à l’autre, sans réserve, par exemple en favorisant les jumelages déjà existants et ceux à créer. Chaque vallée ne doit pas craindre les atouts de l’autre, car, bien au contraire, une synergie va naitre des retombées d’un tunnel à vocation touristique et les deux vallées devraient tirer profit de cet équipement nouveau. C’est ainsi que les jeunes pourront « rester au pays » en bénéficiant d’une dynamique renouvelée et d’un territoire élargi.